Comment se déroulent nos travaux ?
Les membres décident collégialement en séance plénière du programme de travail annuel. Il est élaboré à partir de sujets proposés par les élus de Rennes Métropole (sollicitation) ou par les membres eux-mêmes (auto-saisine).
Une fois le programme validé, des groupes de travail pilotés par un ou plusieurs membres sont constitués pour répondre aux problématiques posées. La composition (membres, partenaires extérieurs…), la méthodologie (diagnostic, démarche prospective…) et les moyens (groupe-projet, débat, outils numériques…) sont adaptés à chaque problématique. L'équipe technique facilite le travail des groupes.
Les avis et contributions des membres sont ensuite transmis aux élus locaux de façon à enrichir les politiques publiques métropolitaines. Les acteurs locaux peuvent aussi s'emparer des préconisations proposées pour impulser des actions et des expérimentations sur le territoire.
Les travaux en cours portent sur la transition climatique, les migrations, et les précarités des jeunes (voir le programme 2024 du codev).
Nos travaux
TitreProjet "Séniors, et alors ?!" - L'association ASSIA réseau UNAMots clésvieillissement, séniors, ainés, accompagnement, aide à domicile, domicile, dépendance, services
vieillissement, séniors, ainés, accompagnement, aide à domicile, domicile, dépendance, services
Le collectif « seniors, et alors ?! » du Codev souhaite contribuer à la réflexion des élus métropolitains et municipaux sur le vieillissement, en relayant des besoins, réalisations, manques, leviers pour demain, et projets inspirants. D’ici juin 2021, le Codev s’intéresse plus particulièrement à ce qui touche à l’habitat, au « chez soi ».
Entretien avec Messieurs Rémi Coudron, président d'Assia Réseau UNA, et Ronald Lozach'meur, directeur, le 8 décembre 2020.
Pouvez-vous nous présenter en quelques mots Assia réseau UNA ?
Rémi Coudron
Assia Réseau Una est une association loi 1901, créée en 1982. Au 1er janvier 2020, l’association a fusionné avec l’aide à domicile de Rennes (ADR), et avec Domicile Action Pays de Fougères (DAPF), association intervenant sur Fougères et quelques communes de son canton Nord. Ainsi, nous intervenons sur tout Rennes Métropole, et une partie du Pays de Fougères.
Notre objectif est de répondre aux besoins et attentes de toute personne fragilisée (personnes âgées, dépendance, handicap psychique ou psychique, maladie, accidents de la vie) 7 jours sur 7, 24h sur 24.
3 chiffres clés, annuels :
- 4300 personnes aidées
- 500 salariés
- 18 millions de budget de fonctionnement annuel
Assia Réseau UNA a connu une croissance externe et interne, elle propose ou gère :
- des services : « Accompagnement, Aide, Soin à Domicile » pour Personnes Âgées et Personnes en situation de Handicap.
- des services en direction des Familles avec prise en charge CAF ou Conseil Départemental (Aide Sociale à l’Enfance).
- un service « Portage de Repas » sur Fougères.
- deux Centres de Santé Infirmiers (Chartres de Bretagne et Rennes quartiers sud).
- la Résidence de la Budorais à Noyal-Chatillon sur Seiche (EHPAD personnes en dépendance physique et troubles cognitifs, accueil de jour
- un hébergement temporaire (Dépendance physique et troubles cognitifs) et un foyer de vie au sein des « Maisons de la Plumelière » sur la commune d’Orgères.
Elle intervient au sein de la Résidence « La Source » pour personnes en situation de handicap à Saint Jacques de la Lande, et d'habitats inclusifs / résidences séniors en lien avec les bailleurs sociaux : Résidence « Castel Rive à Cesson Sévigné, Maison de Brault à Chantepie, Résidence Orgéria à Orgères, Maison Helena à Noyal-Chatillon sur Seiche.
Ronald Lozachmeur :
Au cours de son histoire l’association a développé un catalogue de propositions
- Pôle domicile :
- service d’aide et d’accompagnement à domicile (SAAD),
- services de soins infirmiers à domicile (SSIAD)
- SSIAD aides-soignantes
- deux pôles d’infirmiers
- deux équipes spécialisées, l’ESA (Alzheimer) et Neurodom (Parkinson, sclérose en plaques, maladies apparentées)
- services aux familles,
- portage de repas à Fougères,
- plus à la marge, des services de confort pour actifs.
- Pôle établissements
- Pôle « autonomie prévention » : Equipe Mobile d’Accompagnement et de Soutien des Aidants à Domicile (EMASAD) qui a la particularité de se déplacer au domicile des aidants et de leur proposer une réponse individuelle; accompagnement à la vie sociale dans les habitats regroupés/inclusifs ; ateliers d’animation prévention ; animation groupe d’entraide mutuelle (GEM).
Notre activité auprès des personnes en situation de handicap est très importante, presque autant qu’auprès des personnes âgées.
Vous êtes partenaire de l’expérimentation EHPAD Hors les Murs. Qu’en retenez-vous ?
R.L. : Nous avons effectivement été sollicités par HSTV pour intégrer leur dispositif expérimental. Ce partenariat a commencé à se mettre en place progressivement.
Sur l’EHPAD à domicile, de manière générale, nous sommes un peu surpris par le terme et pas sa nature d’expérimentation. Sur la coordination, cela fait des années que nous en faisons. Avoir une association de cette taille nous permet de créer des postes, comme celui d’ergothérapeute depuis 5 ans, un poste de médecin coordinateur à domicile - le poste est vacant depuis 1 an - . Avec tous ces services et ces professionnels, nous considérons faire de l’EHPAD à domicile depuis des années.
Quelles sont les difficultés rencontrées par Assia réseau UNA ?
R.C. : Assia Réseau Una a été reconnue comme Service Polyvalent Aide et Soins à Domicile il y a 10 ans. Si à cette époque EHPAD à Domicile avait été reconnu, nous serions identifiés comme tel aujourd’hui.
Les EHPAD sont nécessaires, nous sommes gestionnaires d’EHPAD. Mais avec des moyens complémentaires à domicile, nous pourrions aller beaucoup plus loin. Je vais citer une étude conduite par et avec Rennes Métropole à la fin des années 2000, IDA (innovation Domicile Autonomie), qui semblait prometteuse, mais qui n’a pas été suivie de moyens.
Nous manquons aujourd’hui de place en EHPAD. Pour Assia Réseau Una, nous avons une liste d’attente au moins deux fois supérieures à la capacité d’accueil. Nous essayons, de là où nous sommes, de tenter de remédier à ces problématiques.
Assia porte un projet avec la commune d’Orgères, le village d’Assia (lien à venir), qui vise à la création de 24 petites maisons qui pourront accueillir des personnes entrées en dépendance. Nous les accompagnerons avec tous les services que nous pouvons proposer. C’est Archipel qui porte la construction et qui sera propriétaire. La location sera faite via Assia, avec des loyers versés à Assia. Des soins seront dispensés à domicile : une extension de notre SSIAD est à prévoir pour pouvoir accompagner ces personnes-là. Le remboursement se fera à l’acte par l’assurance maladie pour les interventions du CSI (Centre de Santé Infirmier). Nous avons sollicité l’aide pour l’animation au sein des résidences séniors, auprès du département ; à voir si nous l’aurons. Nous sommes en capacité d’équilibrer les budgets, avec APA, SSIAD et aide du département.
Sur le village d’Assia, il fallait être plus que têtus pour porter un projet comme celui-là. L’ARS a officialisé aujourd’hui le village d’Assia, nous avons signé le contrat pluriannuel d’objectifs et de moyens (CPOM) récemment. Mais nous n’avons pas eu d’arrêté de l’ARS, du département… A ce jour, nous n’avons toujours pas l’assurance d’avoir des places complémentaires dans notre SSIAD, soit 25 à 30 places supplémentaires nécessaires. Si nous avions été une structure plus fragile, le projet aurait capoté il y a 3/4 ans.
R.L. Sur les difficultés, nous en avons deux types : Financière, et juridico-administrative.
Financière, avec des dotations financières et des capacités d’accueil qui sont gérées et contrôlées par les financeurs publics (ARS et département).
Juridico-administrative, comme à Orgères par exemple : le projet a été présenté en 2016 à Mme Courteille (1ère vice-présidente en charge des solidarités, personnes âgées et handicap au Conseil départemental d’Ille et Vilaine) et à l’ARS départementale. La première réponse de l’ARS fut de dire que « c’est un EHPAD donc ça ne peut pas être vous ». Notre réponse : « non, c’est de l’habitat regroupé avec des services à domicile, avec des personnes âgées dépendantes ». Nous venons seulement d’avoir l’accord du permis de construire, début des travaux espéré mi-2021.
Si nous ne sommes pas dans la bonne case, c’est extrêmement difficile de porter des projets innovants. Nous avons parfois l’impression que les autorités de tutelle ne prennent pas en compte la connaissance du terrain et les initiatives des acteurs locaux. Il faut vraiment avoir une volonté très forte, voire utopiste pour porter des projets comme ça.
Comment avancer sur la coordination des acteurs ?
R.C : Depuis un certain nombre d’années, nous avons vu apparaitre des structures dites de coordination, avec une question d’efficacité derrière. A ajouter des couches successives, on ne devient pas plus performant. Nous avions évoqué la création d’une Maison de l’autonomie sur le département, que je soutiens pleinement. C’est dans cette direction là qu’il faut aller.
Concernant la coordination portée en interne, cela résulte de ce que l’on est en tant que structure pluriactivités. Nous avons donc un regard plus transversal. Comme nous sommes une structure qui a atteint un certain niveau d’organisation, nous sommes en mesure de porter des projets, et d’avoir une vision plus globale.
R.L. : les plus petites structures auront besoin de coordination externe. Historiquement les Clic (centres locaux d’information et de coordination), les MAIA (méthode d’action pour l’intégration des services d’aide et de soin dans le champ de l’autonomie), puis d’autres ont été créé. Aujourd’hui, c’est le dispositif EHPAD à domicile qui apporterait de la coordination à domicile. Mais il y en a déjà ! Même les professionnels s’y perdent.
L’Etat multiplie les dispositifs plutôt que de s’appuyer sur ce qui existe. Par exemple, les équipes spécialisées Alzheimer sont actuellement limitées à 15 séances par an. Si on leur donnait les moyens, et l’autorisation, elles en développeraient beaucoup plus. On marche sur la tête.
Comment travaillez-vous avec les élus des communes ?
R.C. : Assia a toujours voulu travailler avec les communes. Des services communaux ont par exemple été repris par Assia (le centre de soins infirmiers de Chartres-de-Bretagne, les SSAAD à Thorigné-Fouillard, Saint-Jacques-de-la Lande, Chartres-de-Bretagne, Bruz…). Dans le temps les communes se sont rendu compte qu’Assia répondait mieux au besoin. Mais rien n’est figé dans le marbre.
C’est une volonté politique assumée du conseil d’administration d’Assia Una. Pour répondre à une problématique sur un territoire, il faut que l’on soit en phase avec les élus.
Une autre difficulté cruciale à évoquer : le manque d’attractivité du secteur médico-social.
R.L.: Cela participe grandement aux immenses difficultés de fidélisation et de recrutement des personnes. Pour les aides à domicile, bien sûr, mais aussi depuis 2-3 ans pour les soignants. Il y a aussi une évolution de la société, qui a moins envie de travailler le week-end, de commencer à 7h30, finir à 20h30…
Demain, il n’y aura personne pour accompagner vos parents /vos grands parents à domicile. Le pic est attendu à partir de 2027, sur 20 ou 30 ans.
Actuellement, soit nous reportons certaines prises en charge, soit nous diminuons des plans d’aide. Nous passons de 8h à 6h dans la semaine.
Toutes les structures d’aide ou de soin vous le diront. Le domicile, c’est vraiment le parent pauvre.
Il y a 3 ans les écoles d’aides-soignantes étaient à 60%/70 % de leur capacité de formation. Au niveau des auxiliaires de vie sociale, le DEAVS (Diplôme d’Etat d’Auxiliaire de Vie Sociale) a été supprimé, pour une fusion vers un seul diplôme. Sur les 3 premières sessions à Askoria, il y avait entre 50 et 60 candidats en moyenne. Il y en a eu entre 0 et 5 qui ont choisi l’option « domicile ».
C’est une catastrophe absolue. Si rien ne change, nous allons retomber sur un problème d’aidant familial. Mais les familles sont éclatées, les filles et belles filles n’auront peut-être pas envie de s’occuper de leurs parents et beaux-parents, etc.
R.C. : 15% des plans d’aide ne sont pas réalisés en totalité. Plus nous avançons dans le temps plus ceci s’accentue. Pour ce qui concerne Assia, nous sommes loin de remplir les missions qui sont les nôtres, parce que nous n’avons pas de personnels pour répondre aux demandes.
Ce faisant, un créneau se dégage où on voit des structures privées lucratives qui vont aller vers les personnes en capacités de financer ces accompagnements. Et là on rentre dans la société à deux vitesses. Et le militant que je suis dit « ce n’est pas possible ». J’en appelle aux parlementaires pour dire « non, dans ce pays on veut autre chose ».
Aujourd’hui nous sommes un peu tendus, un peu sous pression, notre convention collective est à revoir et notamment avec le Ségur de la santé. Avant, nous avions un écart entre aides-soignantes de 250€ ; après le Ségur, l’écart sera de 500 à 600€. Qui pourra en vouloir à une aide-soignante de choisir un autre secteur que l’intervention à domicile ?
Il faut aussi savoir que nous avons au niveau national un accord dit « Avenant 43 », s’il avait été agréé, nous aurions été en capacité d’augmenter de 15% les salaires de ces personnes. Mais cet avenant a été refusé par notre ministre de tutelle. Il faut de façon urgente arrêter une recette spécifique pour l’aide à la dépendance des personnes âgées, c’est là, le financement du Risque Dépendance.
R.L. : Nous travaillons tout de même l’évolution professionnelle, et proposons de nombreuses formations au sein d’Assia. Nous favorisons un parcours interne avec notamment l’accompagnement d’auxiliaires de vie vers la formation d’aide-soignant.
Pouvez-vous nous en dire plus sur votre modèle économique ?
R.L. : Le modèle économique du SAAD est compliqué. Concernant la tarification, le Département fixe le tarif pour l’allocation personnalisée d’autonomie (APA), la Prestation de compensation du Handicap (PCH) et l’aide sociale GIR* 5-6 (nous appliquons ce dernier tarif aux personnes âgées bénéficient d’une aide des caisses de retraite). Il y a une différence d’environ 6 € entre les tarifs APA, PCH et celui de l’aide sociale GIR 5-6.
Or, sur le plan des ressources humaines, notre politique est à la fois de proposer des contrats de travail à temps plein pour intéresser les salariés et lutter contre l’image du petit boulot, et d’avoir le plus de personnels qualifiés, pour une meilleure qualité de service. Mais, si vous avez une salariée auxiliaire de vie sociale à temps plein, cela implique qu’elle va intervenir auprès d’usagers bénéficiaires de l’APA ou de la PCH le matin, le midi et le soir et plutôt auprès de personnes en GIR 5-6 l’après-midi. Sur le plan financier, cela signifie que vous perdrez de l’argent sur les heures en GIR 5-6. Nous sommes d’ailleurs en déficit récurrent sur cette activité.
R.C.: c’est le département qui est notre premier contact politique au local avec l’ARS. Sur Rennes Métropole, nous sommes ouverts à travailler avec les communes de notre territoire historique, et maintenant avec la globalité de Rennes Métropole. En conclusion, je peux apparaitre inquiet, je me veux lucide. Actuellement nous sommes dans une situation très tendue sur les services que l’on apporte. Le réseau auquel nous appartenons nous invite à faire pression sur les députés, et sur les élus des collectivités territoriales pour qu’elles fassent pression sur les parlementaires.
*Le GIR correspond au niveau de perte d’autonomie d’une personne âgée. Il est calculé à partir de la grille AGGIR. Les personnes évaluées en GIR 1 à 4 peuvent bénéficier de l'APA. Source : portail national d'information pour les personnes agées et leurs proches
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