Comment se déroulent nos travaux ?
Les membres décident collégialement en séance plénière du programme de travail annuel. Il est élaboré à partir de sujets proposés par les élus de Rennes Métropole (sollicitation) ou par les membres eux-mêmes (auto-saisine).
Une fois le programme validé, des groupes de travail pilotés par un ou plusieurs membres sont constitués pour répondre aux problématiques posées. La composition (membres, partenaires extérieurs…), la méthodologie (diagnostic, démarche prospective…) et les moyens (groupe-projet, débat, outils numériques…) sont adaptés à chaque problématique. L'équipe technique facilite le travail des groupes.
Les avis et contributions des membres sont ensuite transmis aux élus locaux de façon à enrichir les politiques publiques métropolitaines. Les acteurs locaux peuvent aussi s'emparer des préconisations proposées pour impulser des actions et des expérimentations sur le territoire.
Les travaux en cours portent sur la transition climatique, les migrations, et les précarités des jeunes (voir le programme 2024 du codev).
Nos travaux
TitreProjet Séniors, et alors?! - Témoignage du Centre de santé de la Mutualité Française d'Ille et VilaineMots clés
Le collectif « seniors, et alors ?! » du Codev souhaite contribuer à la réflexion des élus métropolitains et municipaux sur le vieillissement, en relayant des besoins, réalisations, manques, leviers pour demain, et projets inspirants. D’ici juin 2021, le Codev s’intéresse plus particulièrement à ce qui touche à l’habitat, au « chez soi ».
Entretien avec Lauriane Delin, cadre coordinateurs de soin et Magalie Louvel, infirmière de suivi à la Mutualité Française d'Ille et Vilaine
Pouvez-vous nous présenter votre structure ?
Nous travaillons au centre de santé Gayeulles de la Mutualité Française d’Ille et Vilaine, qui dispose d’un CSI (centre de soins infirmiers) et d’un SSIAD (services de soins infirmiers à domicile).
Le SSIAD (services de soins infirmiers à domicile) dispose de 74 places, dont 70 places pour personnes de plus de 60 ans, et 4 places en handicap psychique. Il y a entre 12 et 14 aides-soignants, une infirmière coordinatrice, et une infirmière de suivi, Magalie ici présente.
Nous organisons 9 tournées le matin, 4 le soir, 7 jours sur 7. Les tournées du matin sont de 7h30 à h12h30, et celles de l’après-midi de 17h à 20h30. Au niveau des passages, nous avons au minimum 3 passages par semaine, au maximum 14, soit deux fois par jour.
Travaillez-vous avez les autres intervenants à domicile ?
Nous travaillons en collaboration avec les associations d’aide à domicile, le CCAS, les services privés tels que « seniors et compagnie ».
C’est l’infirmière coordinatrice qui gère les relations avec les services d’aide à domicile.
Nous fournissons aux patients une liste des partenaires les plus proches. Dans les faits, ils disposent souvent déjà d’une aide à domicile.
Nous travaillons également avec la conseillère sociale en gérontologie u département, la PTA (plateforme territoriale d’appui), la MAIA (méthode d’action pour intégration des services d’aide et de soin dans le champ de l’autonomie), le CLIC (centre local d’information et de coordination) et les médecins traitants.
Nous travaillons pour que ces personnes aient le maximum d’aides possibles.
Si le SSIAD intervient c’est qu’il y a une dépendance, entre GIR 1 et 4, majoritairement GIR 2.
En tant que professionnels, quels sont vos besoins ?
Améliorer la communication entre les intervenants.
Aider à monter les dossiers APA (Allocation personnalisée autonomie) le plus vite possible, y compris dans les réévaluations.
Le SSIAD intervient sur la demande du médecin, de l’hôpital, etc. Mais il faut que les autres aides interviennent en parallèle.
Sur le terrain, les intervenants d’hygiène font souvent une machine, dépannent. Dans les secteurs précaires, on est face à la misère sociale et on fait beaucoup plus de choses que prévu.
Nous avons un projet de SPASAD (service polyvalent d’aide et de soin à domicile) avec le SAAD (services d’aide et d’accompagnement à domicile) du CCAS de Rennes, pour être plus fluide.
Il est difficile de s’y retrouver dans le « qui fait quoi ». Il y a quelques années, un gros travail de communication, de coordination entre les personnes intervenant au domicile de la même personne avait été mené. Nous butions sur le secret médical. Qu’en est-il aujourd’hui ?
Les infirmières coordinatrices ont justement ce rôle. On fait le lien avec le médecin traitant, avec les familles, ou les tuteurs ou les curateurs. Nous avons le nom de toutes les personnes qui gravitent autour du patient.
Le plus gros problème reste la communication Ville/Hôpital : nous n’avons pas forcement les informations nécessaires pour faciliter le retour à domicile. Les dossiers APA ne sont pas forcément faits non plus.
Nous ne sommes pas informés parfois du retour à domicile de patients après hospitalisation. Nous ne trouvons pas les ordonnances, il faut rappeler…
La Sécurité sociale a quasiment imposé il y a 10 ans un médecin référent. Pourrait-on faire de même dans votre domaine, avoir une personne référente ?
C’est l’infirmière coordinatrice qui a ce rôle. L’idée pourrait être d’avoir un médecin coordinateur pour faciliter le travail Ville/hôpital et Ville/ville.
Une autre problématique : il y a moins de visites à domiciles du médecin, les renouvellement de traitements sont durs à recevoir.
Nous avons des personnes qui vivent dans des logements insalubres, qui sont entrées au centre de soin, « parce qu’il y avait de la lumière » où il est compliqué de faire les soins, qu’il faut remettre dans le circuit. Actuellement, sur deux cas, nous avons eu 8 mois d’attente entre le premier soin et la remise en état par les bailleurs sociaux.
Des situations de stress peuvent faire que l’état de la personne se détériore. Est-ce que l’intervention d’un sophrologue ou autre est possible ? à inventer ?
Nous n’en sommes pas encore du tout là sur le territoire. Nous en sommes actuellement avec des recrutements de soignants compliqués, 3 ETP sont vacants.
Si quelque chose est proposé, c’est à la charge des familles. Il n’y a pas de budget pour accompagner les personnes sur ce type d’action (psychologue, sophrologue). Nous avons fait le choix d’embaucher une ergothérapeute.
Depuis le Covid, beaucoup de personnes ont décompensé. Pour apporter du réconfort, nous avons un partenariat avec étudiants infirmiers, qui sont venus pour sortir des patients en cette période compliquée.
Nous sommes limités sur ce qui peut être proposé à domicile.
Nous avons une équipe spécialisée Alzheimer, qui peut proposer 15 séances à domicile une fois par an maximum.
Dans les faits, ce sont les aides-soignants qui vont prendre le temps de rester avec la personne lorsque ça ne va pas.
Etes-vous en lien avec les acteurs du lien social (OPAR, centres sociaux…) ?
Nous avons peu de liens pour rompre l’isolement avec les structures extérieures, hormis avec les accueils de jour. Nous sommes depuis peu en lien avec l’expérimentation EHPAD hors les murs également.
Et sur le recrutement, avez-vous des problèmes de recruter des personnes qualifiées ? Des problèmes de fatigues des salariés ?
Sur le recrutement, la moyenne d’âge des aides-soignants est de 50 ans. Ce sont des métiers pas assez connus. Nous sommes en relation avec organismes de formation, faciliter un maximum des stages pour faciliter le recrutement. Très clairement, chez les jeunes aides-soignants, l’autonomie à domicile fait peur. Vu qu’on veut étendre vers de l’ambulatoire et du soin à domicile, il faudrait renverser la balance, inciter des jeunes à se former dans cette voie.
Nous ne pouvons pas proposer des types d’interventions pour rompre l’isolement.
Un autre frein au recrutement reste les salaires : sur les structures médico-sociales, ils sont plus faibles qu’à l’hôpital.
Nous tachons de valoriser les compétences et savoirs faire des aides-soignants, pour pouvoir varier les taches…
L’aide-soignant est souvent reconnu uniquement sur la toilette, alors que c’est la personne qui connait le mieux les personnes, et les familles. On pourrait élargir le périmètre d’intervention des aides-soignants, par exemple pour les petits pansements. Ça fait dix ans qu’on en parle, mais ça ne bouge pas beaucoup.
Dans les formations aides-soignants, il faudrait une spécialité Gériatrique, ce serait déjà un « plus ».
Dans les difficultés de recrutement, des recrutements sont apparemment faits sans formation, notamment en réinsertion. Les métiers choisis par défaut… Avez-vous des critères d’embauche ?
Tous les recrutements sont sur diplôme, et depuis cette année, nous accompagnons des contrats d’apprentissage. Plutôt que de faire la formation complète en 10 mois, nous proposons une formation en alternance sur 18 mois.
Actuellement nous avons un alternant sur le SSIAD à Rennes, un à Saint Malo, un à la Noé (également gérés par la mutualité française).
C’est aussi l’aide aux aidants qu’il faudrait développer, en partenariat avec les EHPAD, pour faciliter par exemple un accueil en hébergement temporaire. On a deux cas avec des aidants qui se sont épuisés avant les patients, et qui ont fini hospitalisés.
Aujourd’hui, c’est la personne qui part à la recherche des structures d’aides aux aidants. En tant que SSIAD nous pouvons être relais, mais encore faut-il être informés.
On sait que pour les personnes intervenant à domicile, on a un problème de conditions physiques au travail. Est-ce que des réflexions avancent sur des outils qui pourraient être mis en place pour faciliter le travail ?
Le personnel est formé pour les gestes et postures. Et c’est le rôle de l’ergothérapeute.
En tant que professionnels, les autres professionnels de la construction et de l’aménagement intérieur vous sollicitent-ils pour adapter le logement en fonction de l’usage ?
Non, mais ce serait une bonne chose, effectivement.
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