Comment se déroulent nos travaux ?
Les membres décident collégialement en séance plénière du programme de travail annuel. Il est élaboré à partir de sujets proposés par les élus de Rennes Métropole (sollicitation) ou par les membres eux-mêmes (auto-saisine).
Une fois le programme validé, des groupes de travail pilotés par un ou plusieurs membres sont constitués pour répondre aux problématiques posées. La composition (membres, partenaires extérieurs…), la méthodologie (diagnostic, démarche prospective…) et les moyens (groupe-projet, débat, outils numériques…) sont adaptés à chaque problématique. L'équipe technique facilite le travail des groupes.
Les avis et contributions des membres sont ensuite transmis aux élus locaux de façon à enrichir les politiques publiques métropolitaines. Les acteurs locaux peuvent aussi s'emparer des préconisations proposées pour impulser des actions et des expérimentations sur le territoire.
Les travaux en cours portent sur la transition climatique, les migrations, et les précarités des jeunes (voir le programme 2024 du codev).
Nos travaux
TitreProjet "Séniors et alors?!" - L'EHPAD Les Jardins du CastelMots clésvieillissement, séniors, accompagnement, dépendance, coopération, ehpad, ainés
vieillissement, séniors, accompagnement, dépendance, coopération, ehpad, ainés
Le collectif « seniors, et alors ?! » du Codev souhaite contribuer à la réflexion des élus métropolitains et municipaux sur le vieillissement, en relayant des besoins, réalisations, manques, leviers pour demain, et projets inspirants. D’ici juin 2021, le Codev s’intéresse plus particulièrement à ce qui touche à l’habitat, au « chez soi ».
Entretien avec Monsieur Michel BARBE, directeur de l'EHPAD Les Jardins du Castel, à Châteaugiron, le 23 novembre 2020.
Pouvez-vous nous dire quelles sont les caractéristiques principales de l'EHPAD Les Jardins du Castel ?
Les Jardins du Castel, c’est un EHPAD (Établissement d’Hébergement Pour les Personnes Âgées Dépendantes) pouvant accueillir 121 résidents, sur Châteaugiron. 85 résidents sont accueillis dans des unités classiques et 36 dans un pôle Alzheimer. L’établissement dispose également d’un accueil de jour Alzheimer de 6 places du lundi au vendredi.
Pour assurer le fonctionnement de cet établissement, sont employés 86 ETP, soit 95 personnes sur des postes administratifs, en cuisine, techniques, en blanchisserie, de soin (médecin coordonnateur, cadre de santé, infirmières, aides-soignantes, aides médico-psychologiques, ergothérapeute, kinésithérapeute…), des intervenants ponctuels (infirmière hygiéniste, diététicienne), des animateurs, une qualiticienne.
C’est un établissement de la fonction publique hospitalière. Il existe également des EHPAD territoriaux, associatifs, privés non-lucratifs et privés lucratifs.
Comment analysez-vous l’évolution des EHPAD depuis le début de votre carrière ?
Je suis dans le milieu hospitalier depuis 1977. J’ai vu l’évolution, des hospices vers les maisons de retraite, avec sections médicales, puis les USLD (unité de soin de longue durée), et les EHPAD.
Aujourd’hui, la mission d’un EHPAD, c’est d’accueillir personnes âgées dépendantes. Ce n’est pas fait pour les personnes valides (gir 5-6), c’est mon avis. Les personnes âgées rentrent de plus en plus tard et y restent de moins en moins longtemps. La durée d’hébergement moyen est de 2 ans.
Malgré tout il faut que l’EHPAD reste un lieu de vie, un lieu d’envie, et que les résidents restent des citoyens à part entière. Aujourd’hui, dans l’accompagnement en EHPAD, nous respectons au maximum le choix du résident. Le résident doit être acteur de son projet. Il y a un projet d’accompagnement personnalisé. Il y a un livret d’accueil également et un contrat de séjour. Il y a une volonté pour tous que le résident reste acteur de son projet en établissement.
Par exemple, lorsque des votes ont lieu, nous nous assurons que le résident puisse aller voter, ou au moins par procuration. Dans ses choix, le résident a la liberté de choisir ses professionnels (médecin, spécialiste, etc.). Nous n'imposons pas. Certains résidents, ceux qui peuvent, sortent seuls en ville ou ailleurs. Des résidents vont avec leur conjoint au restaurant. Nous faisons en sorte qu’ils puissent également sortir en famille, aux évènements familiaux, aux activités organisées par la ville, etc.
Ces valeurs ont été un peu atteintes par le confinement. Au premier confinement, les visites étaient interdites. On a un peu trop axé « sécurité » et un peu moins « liberté ». Pour ce 2e confinement, nous faisons en sorte qu’il y ait plus un équilibre entre sécurité et liberté.
Sur cette participation à la vie locale, culturelle, est-ce que des partenaires extérieurs sont sollicités ouvrir l'EHPAD vers l'extérieur ?
Oui, par exemple des résidents vont à la piscine de Châteaugiron, au bowling à Rennes, à la patinoire (des personnes en fauteuil roulant). En proximité, nous travaillons avec la bibliothèque. Avec le Centre d’art les 3 chats, des résidents sont invités aux expositions, aux vernissages, … Nous avons actuellement 20 bénévoles qui proposent des chants, des jeux, des ateliers manuels, des sorties. Nous avons également des partenariats avec les assistantes maternelles, des collèges, des écoles, etc. Pour le moment ces activités sont suspendues en raison du COVID.
J’ai connu une époque où c’était bien d’avoir 50, 60, 65 personnes à un atelier. Heureusement cette époque est terminée. Il faut s’assurer que le choix des résidents soit respecté. Il faut rester vigilant avec certains bénévoles qui parfois pourraient emmener certains résidents à des cérémonies, sans que ce soit leur choix.
Quand on parle de liberté et de choix du résident, cela passe aussi par le respect du rythme de vie du résident. Le matin nous ne sommes pas en ordre de bataille pour le lever. Si un résident ne souhaite pas se coucher tôt, le personnel de nuit pourra assurer le coucher. La journée fait 24h et pas 3 fois 8 heures. C’est un travail de longue haleine auprès des professionnels. Le passage de relais peut / doit se faire pour un accompagnement sur 24h et non pas saucissonné.
Si le résident est en mesure de s’exprimer, son choix sera écouté avant celui de sa famille. Si le résident est désorienté, là on va écouter la famille ou son représentant légal.
Comment fonctionne le conseil de la vie sociale (CVS) ?
Un Conseil de la Vie Sociale comprend des résidents, des familles, des professionnels et des élus. Dans le CVS des Jardins du Castel, les 4 places de représentants des familles sont pourvues. C’est une résidente qui est présidente. Le compte rendu est en libre accès sur notre site internet. Nous le trouvions trop institutionnel. Un étudiant directeur y a travaillé en 2018-2019. Nous avons depuis délocalisé le CVS dans une salle d’animation auprès des résidents, que l’on a invité à participer, et c’est beaucoup mieux. Recueillir la parole des résidents reste assez difficile : soit ils auront tendance à parler de situations personnelles, soit ils s’expriment peu. Nous démultiplions donc les témoignages.
L’animatrice coordinatrice et ses collègues font un travail énorme avant le CVS pour pouvoir faire que les résidents s’expriment. En retour, ils lisent le compte rendu aux résidents.
Une élue est désignée par le Conseil d’administration pour être membre du CVS, et y participe régulièrement. Je n’ai jamais autant consulté les membres du CVS (familles, élus, résidents) que pendant cette période de crise. Je recueille au maximum leurs avis avant d’appliquer les directives.
Comment est structuré votre budget ?
Nous avons des conventions tripartites. Concernant le budget
- 40,79% provient du prix journée de l’hébergement, c’est à dire ce qui est à la charge du résident / famille (2021 : 67,16€ par jour, soit 2014€ par mois)
- 35,52 % (en 2019) provient de la dotation de soin de l’assurance maladie, versée en fonction de la dépendance des résidents, et de leur besoin en soin (Gir moyen pondéré et pathos (évolution des besoins en soin des résidents))
- 23,96% provient du département,
- 20% : APA et dépendance
- Aidés sociaux (13 résidents sur 121)
Comment imaginez-vous l’EHPAD de demain ?
Dans l’EHPAD de demain, il va falloir que les professionnels puissent intervenir au domicile des personnes âgées. Les personnes pourront rester à domicile plus longtemps, quand l’ergonome pourra venir à domicile et quand les aides-soignantes pourront intervenir la nuit. Un projet inspirant, c’est celui de HSTV (Hospitalité Saint Thomas de Villeneuve) sur Rennes, en partenariat avec Assia Una et l’ADMR (Aide à domicile en milieu rural).
Le parcours à éviter pour les personnes âgées : partir du domicile pour une hospitalisation puis pour l’EHPAD.
Dans l’EHPAD de demain, il faut réussir à faire venir des personnes du domicile qui viendraient voir un spectacle, ou prendre un repas à l’EHPAD. Nous avions un partenariat avec l’ADMR et le CCAS qui se lançait, il s’est arrêté avec la Covid 19.
Il faudrait que l’EHPAD ait des places d’hébergement temporaire afin de permettre aux aidants de souffler. D’autres pistes sont à développer : l’accueil de nuit, l’accueil de jour. Il n’y a pas assez de places alors que les demandes sont nombreuses. L’EHPAD devrait aussi être un centre de ressource.
Actuellement, les créations de places sont contingentées par le Département et l’ARS et sont peu nombreuses.
Une information fraiche d’aujourd’hui : 60 personnes attendent au CHU de Rennes une place en EHPAD. Mais Les Jardins du Castel accueillent prioritairement des personnes de Chateaugiron, ou des rapprochements familiaux. Il y a un manque de place en EHPAD, y compris en hébergement temporaire (3 mois maximum) avec des personnes qui ne peuvent plus ensuite rentrer à domicile… tout n’est pas rose !
Travailler en EHPAD : quels constats et conclusions du directeur ?
L’EHPAD de Chateaugiron est un établissement de la fonction publique hospitalière. Cela permet à un agent aide-soignant d’aller au CHU, et d’avoir le même traitement de salaire ; c’est un avantage. On se doit de ne pas négliger la qualité de vie au travail. Les soignants font un travail admirable et il faut prendre soin d’eux. Nous avons un axe formation et un axe prévention, notamment des risques liés à l’activité physique. Nous utilisons les leviers formation, humains, et matériels que nous avons.
Une enquête a été réalisée après le premier confinement pour savoir comment les agents l’avaient vécu. Ce qui en ressort : une augmentation du stress, mais aussi des aspects positifs, sur le soutien qu’ont eu les agents, sur l’anticipation pour faciliter les choses.
Sur l’attractivité et le recrutement, la plupart des professionnels viennent de Rennes, Vern, Domloup, Janzé. Nous employons des personnes du secteur. A ce titre, l’EHPAD est un acteur économique local, reconnu par la commune et par le Pays de Chateaugiron Communauté.
Sur l'image des métiers en EHPAD, le dernier reportage de « pièces à conviction » me désespère. Certes il y a des choses qui ne marchent pas et qu’il faut montrer mais il y a tellement d’établissement où tout se passe bien. La population va faire à nouveau un amalgame. Il est très compliqué de trouver des aides-soignantes, des infirmières. Il y a une très grande disparité dans les salaires. A cela s’ajoute un Ségur de la Santé qui ne profite pas aux aides à domicile … C’est encore plus compliqué pour eux de maintenir des professionnels dans l’emploi. Ce n’est pas mon secteur mais je compatis car c’est compliqué.
Il est plus que temps de redorer ces métiers de l’humain. Quand on échange avec les soignants, c’est un métier difficile, mais ils sont fiers de ce qu’ils font et pour beaucoup fiers de travailler aux Jardins du Castel.
Nous avons fait une vidéo sur YouTube pour rebondir à ça (voir ci-dessous)
Il faut donner à voir notre point de vue, sans rentrer dans des querelles public/privé lucratif/non-lucratif.
En conclusion, je suis en fin de carrière. Franchement si je devrai refaire un métier, je ferai le même. C’est un très très beau métier.
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